SSIAP 1 – 2e Partie : La sécurité incendie
Désenfumage
Dans un incendie, c’est souvent la fumée — et non les flammes — qui provoque le plus de victimes. Elle obscurcit la vision, gêne la respiration et peut même être mortelle en quelques minutes. Le désenfumage est donc une technique indispensable : elle vise à évacuer les fumées et les gaz de combustion, à maintenir un environnement plus respirable et visible pour les occupants et les secours, et à ralentir la propagation de l’incendie.

Objectifs du désenfumage
Un bon système de désenfumage a pour mission de :
Maintenir les cheminements d’évacuation utilisables et visibles ;
Préserver un taux d’oxygène suffisant dans les zones évacuées ;
Limiter l’extension de l’incendie en évacuant la chaleur et les fumées ;
Permettre aux pompiers d’accéder plus facilement aux zones sinistrées.
► En résumé : Le désenfumage sauve des vies et facilite la lutte contre le feu.
Désenfumage des dégagements
Escaliers
Deux méthodes principales :
Désenfumage naturel : fonctionne par effet de tirage naturel. On ouvre un exutoire en partie haute (≥ 1 m²) et on laisse entrer de l’air par une ouverture en bas (porte, bouche).
Mise en surpression : surtout en IGH. L’air est soufflé dans l’escalier pour empêcher l’entrée des fumées. Cela doit créer une pression entre 20 et 80 Pa, avec une vitesse de passage de l’air de 0,5 m/s minimum.
► Les escaliers doivent être encloisonnés ou à l’air libre, pour garantir leur protection.
Circulations horizontales
Le désenfumage est obligatoire si :
La longueur > 30 m ;
Le bâtiment contient des locaux sommeil ;
Le couloir est en sous-sol.
Solution naturelle : alternance de bouches d’air et d’évacuation espacées tous les 10 m (ou 7 m si en courbe, ou 5 m si en cul-de-sac).
Solution mécanique : extracteurs avec même logique, mais espacés jusqu’à 15 m (ou 10m si en courbe, ou 7m si en cul-de-sac).
Implantation des bouches :
Amenées d’air : à 1 m max du sol ;
Évacuation fumées : à 1,8 m min du sol, dans le tiers supérieur.
Désenfumage des locaux
Petits locaux
-
Obligatoire dès :
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300 m² au RDC ou étage ;
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100 m² en sous-sol.
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La surface utile d’extraction doit être ≥ S/200, avec S = surface du local.
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Le débit d’extraction mécanique doit être de 3 m³/s pour 100 m² (avec un minimum de 1,5 m³).
Grands locaux
Au-delà de 2 000 m², ou de 60 m de longueur, on divise le local en cantons de désenfumage :
Surface : max 1 600 m² ;
Longueur : max 60 m ;
Délimités par des écrans de cantonnement (fixes ou mobiles, 0,5 m de haut mini, matériau M1 ou B-s3-d0).
Chaque canton est désenfumé selon 4 modes possibles :
Naturel / Naturel ;
Mécanique / Naturel ;
Naturel / Mécanique ;
Mécanique / Mécanique.
► Le désenfumage doit permettre un balayage : l’air frais pousse la fumée vers les exutoires.
Déclenchement manuel du désenfumage
Chaque dispositif de désenfumage doit pouvoir être déclenché manuellement.
Types de commandes :
Mécanique (ex. treuil à câble) ;
Électrique (boîtier à bris de glace) ;
Thermique (fusible) ;
Pneumatique / hydraulique.
Ces commandes sont situées :
Au poste de sécurité ;
À proximité immédiate du local à désenfumer.
► Une commande automatique doit toujours être doublée par une commande manuelle pour plus de sécurité.
Déclenchement automatique du désenfumage
Le déclenchement automatique repose sur un système de détection incendie (détecteur automatique d’incendie) relié au SSI (Système de Sécurité Incendie).
Dès qu’un détecteur est sollicité dans une zone déterminée (appelée canton, secteur ou compartiment), le SSI reçoit l’information et envoie l’ordre de :
Libérer les exutoires ou ouvrants en façade ;
Activer les extracteurs de fumée (dans les systèmes mécaniques) ;
Ouvrir les volets coupe-feu si nécessaire.
Sécurité renforcée : Pour éviter les déclenchements abusifs, le système est conçu pour ne déclencher que dans la zone concernée, sans actionner le désenfumage des autres parties du bâtiment.
Ce type de déclenchement est souvent intégré à un SSI de catégorie A, notamment dans les établissements complexes ou très fréquentés.
Entretien élémentaire et vérification
Entretien régulier
Effectué par du personnel compétent, il comprend :
La vérification des sources de secours (batteries, circuits) ;
L’entretien des parties mécaniques (volets, exutoires, clapets…) ;
Le nettoyage des détecteurs de fumée/gaz.
Vérification annuelle
Réalisée par un organisme agréé ou un technicien qualifié :
Contrôle du fonctionnement de chaque commande ;
Essai de tous les organes de désenfumage (exutoires, bouches, volets) ;
Mesure des vitesses d’air, pressions et débits.
Règle pratique : désenfumer à un débit de 1 m³/s pour 100 m².
▶ Lors de ces entretiens et vérifications, l’agent SSIAP procède à l’accompagnement de l’intervenant lorsque l’établissement est surveillé par un service de sécurité incendie.
▶ Lorsque l’agent SSIAP est présent sur site, il doit effectuer un contrôle visuel de l’état des éléments du système de désenfumage et signaler sans délai toute anomalie constatée.
Remise en position d’attente
Après un déclenchement (réel ou test), tous les dispositifs doivent être remis en position d’attente (prêts à fonctionner à nouveau).
Cela se fait par :
Réarmement automatique et/ou manuel (manivelle, boîtier…) ;
Vérification de l’état des DAS depuis le poste de sécurité (notamment en IGH) ;
Contrôle de position visible (voyants, alarmes…).
► Cette opération est réalisée par les agents SSIAP et il est essentiel que le système soit toujours opérationnel en cas de nouvel incendie.
Le désenfumage en IGH (solutions A et B)
Solution A – Désenfumage mécanique complet
Principe :
Cette solution assure le désenfumage par soufflage et extraction dans toutes les zones clés :
Soufflage dans les escaliers : mise en surpression pour empêcher l’entrée de fumée.
Soufflage et extraction dans les dispositifs d’intercommunication (sas entre escaliers et circulations).
Soufflage et extraction dans les circulations horizontales communes.
Avantages :
Offre une protection renforcée contre la propagation des fumées.
Assure une évacuation sécurisée des occupants.
Inconvénients :
Installation plus complexe et coûteuse.
Maintenance plus exigeante.
Solution B – Désenfumage mécanique avec transfert d’air
Principe :
Cette solution utilise le soufflage et l’extraction de manière ciblée :
Soufflage dans les escaliers : mise en surpression.
Soufflage dans les dispositifs d’intercommunication.
Passage de l’air des sas vers les circulations horizontales communes via une bouche de transfert.
Extraction (et éventuellement soufflage) dans les circulations horizontales communes.
Avantages :
Moins complexe et plus économique à installer.
Maintenance plus légèrement moins exigeante.
Inconvénients :
Nécessite une conception rigoureuse pour assurer une efficacité optimale.
Remarques importantes :
Le choix entre les solutions A et B doit être validé par la commission de sécurité compétente.
Il est possible de combiner les deux solutions dans un même IGH, sous réserve de l’approbation des autorités compétentes.
Des solutions équivalentes peuvent être envisagées, à condition de démontrer leur efficacité et d’obtenir l’avis favorable de la commission de sécurité.
Le désenfumage est un élément vital de la sécurité incendie, au même titre que l’alarme ou l’évacuation. Il sauve des vies en maintenant un air respirable et en assurant des voies d’évacuation dégagées. Pour être efficace, il doit être : Bien conçu, correctement implanté, entretenu régulièrement et maîtrisé par les agents de sécurité