SSIAP 1 – 2e Partie : La sécurité incendie
Éclairage de sécurité
Dans les établissements recevant du public (ERP) ou les immeubles de grande hauteur (IGH), l’éclairage joue un rôle vital, bien au-delà du simple confort visuel. En situation d’urgence, notamment lors d’une coupure d’électricité ou d’un incendie, il devient un élément essentiel de sécurité. L’éclairage de sécurité permet de prévenir les mouvements de panique, de guider les personnes vers les issues de secours et de faciliter l’intervention des secours.

Les différents types d’éclairage dans un bâtiment
Avant d’aborder l’éclairage de sécurité, il est important de distinguer les trois types d’éclairage réglementaires :
L’éclairage normal : utilisé pour l’exploitation courante du bâtiment, en fonctionnement avec le réseau électrique classique.
L’éclairage de remplacement : prend le relais en cas de coupure de l’éclairage normal. Il permet de poursuivre l’activité sans interruption si l’établissement souhaite rester ouvert.
L’éclairage de sécurité : assure une visibilité minimale pour évacuer en toute sécurité et effectuer les manœuvres d’urgence. Il est obligatoire dans tous les établissements accueillant du public et IGH.
Les deux fonctions de l’éclairage de sécurité
L’éclairage d’évacuation (ou balisage)
Cet éclairage a pour objectif de guider les personnes vers les sorties, en signalant clairement les obstacles, les changements de direction et les issues de secours. Il est obligatoire dès lors que :
Le local reçoit plus de 50 personnes,
Ou que sa superficie dépasse 300 m² (100 m² en sous-sol).
Les exigences à respecter sont les suivantes :
Un bloc lumineux doit être installé :
Tous les 15 mètres maximum,
À chaque changement de direction,
Au-dessus de chaque sortie de secours,
À chaque obstacle (comme un escalier).
Le flux lumineux minimal est de 45 lumens.
L’éclairage d’ambiance ou anti-panique
Il permet de maintenir une visibilité suffisante dans les grandes salles ou zones où un mouvement de foule pourrait se produire. Il est complémentaire à l’éclairage d’évacuation. Il devient obligatoire lorsque l’effectif atteint :
100 personnes en rez-de-chaussée ou en étage,
50 personnes en sous-sol.
Les caractéristiques de l’éclairage d’ambiance sont :
Un flux lumineux égal à 5 lumens par mètre carré,
Une répartition uniforme sur toute la surface,
Aucun foyer lumineux ne doit être éblouissant,
Chaque local doit être éclairé par au moins deux blocs,
La distance maximale entre deux blocs lumineux doit être inférieure ou égale à quatre fois leur hauteur par rapport au sol (d ≤ 4 × H).
Les dispositifs utilisés
Les blocs autonomes d’éclairage de sécurité (BAES)
Les BAES sont les dispositifs les plus courants. Ce sont des blocs lumineux équipés de leur propre source d’énergie (batterie). En cas de coupure de l’éclairage normal, ils s’allument automatiquement. Un BAES comprend :
Une lampe fluorescente ou à LED,
Une batterie d’accumulateurs,
Des voyants lumineux indiquant l’état de charge,
Parfois, une technologie S.A.T.I. (Système Automatique de Test Intégré) qui permet de tester automatiquement le bon fonctionnement du bloc.
Les BAES sont installés à poste fixe, à une hauteur supérieure à 2,25 mètres, et hors de portée du public.
Les luminaires à source centralisée (LSC)
Dans les grands établissements (souvent ceux recevant plus de 700 personnes), les blocs lumineux peuvent être alimentés par une source d’énergie centralisée. Ce système permet un pilotage global, une meilleure maintenance et une surveillance centralisée.
Règles d’implantation
L’installation des blocs lumineux doit respecter les règles suivantes :
La hauteur d’installation doit être supérieure à 2,25 mètres,
Les blocs d’évacuation doivent être espacés de 15 mètres maximum,
Pour l’éclairage d’ambiance, la distance entre deux blocs ne doit pas excéder quatre fois leur hauteur (d ≤ 4 × H),
Les blocs doivent être visibles, correctement orientés, et ne pas être masqués par des objets ou des éléments de décoration.
Signalisation de sécurité
La signalisation d’évacuation fait partie intégrante de l’éclairage de sécurité. Elle doit :
Être visible en tout point, même en cas d’affluence,
Indiquer clairement les cheminements vers les sorties de secours,
Utiliser des pictogrammes réglementaires (blancs sur fond vert),
Être rétroéclairée par le bloc qui les porte (si l’étiquette est transparente) ou par un bloc lumineux placé à proximité (si l’étiquette est opaque).
La distance de visibilité dépend de la hauteur des étiquettes :
Jusqu’à 200 fois la hauteur pour les étiquettes transparentes sur bloc,
Jusqu’à 100 fois la hauteur pour les étiquettes opaques placées à proximité.
Fonctionnement et mise à l’état de repos
Pendant le fonctionnement normal du bâtiment, les BAES restent en veille. En cas de coupure du réseau, ils s’allument automatiquement. Leur autonomie doit être d’au moins une heure, pour permettre l’évacuation complète des personnes et l’intervention des secours.
Lorsqu’un établissement est fermé et que l’éclairage normal est volontairement coupé, les blocs doivent être mis à l’état de repos pour éviter :
La décharge inutile des batteries,
Une usure prématurée du bloc,
Un manque de disponibilité en cas d’ouverture suivante.
Une consigne d’exploitation doit être donnée à la dernière personne quittant les lieux et affichée près de l’interrupteur général.
Entretien et vérifications
Un éclairage de sécurité fiable repose sur un entretien rigoureux. Voici les opérations à effectuer régulièrement :
Vérifications visuelles hebdomadaires (état des blocs, voyants de charge…),
Tests mensuels du déclenchement automatique (ou automatiques avec la technologie SATI),
Remplacement des blocs ou lampes défectueux,
Vérification des fixations, de la signalisation et de la bonne orientation des blocs.
L’éclairage de sécurité est un élément fondamental de la sécurité incendie.
Il garantit une évacuation fluide, rapide et sécurisée du public, tout en permettant aux intervenants d’effectuer les manœuvres nécessaires.
Bien dimensionné, bien installé et bien entretenu, il permet de sauver des vies.